Un professeur heureux
Monsieur et Madame Ramolet ont une nouvelle fois répondu favorablement à mon invitation. Les 1er et 3 mars, ils étaient là , souriants mais tendus, pour témoigner devant l’ensemble des élèves de 3 e du collège.
Leur venue s’inscrivait dans le cadre d’un EPI mené conjointement par les professeurs de français et d’histoire sur la négation de l’homme dans l’univers concentrationnaire nazi, thème 2017 du Concours national de la résistance et de la déportation (CNRD). Les élèves avaient étudié la période, lu les témoignages de Geneviève Anthonioz De Gaulle, La traversée de la nuit, et de Lucienne Metzeler, 10248, analysé des dessins de David Olère. Ils se préparaient à composer pour l’épreuve écrite du CNRD.
L’évocation des souvenirs de Monsieur Ramolet, la clarté, la pudeur et l’humour avec lesquels il a relaté des faits souvent pénibles et douloureux, à la fois lointains mais aussi proches, ont profondément marqué les jeunes qui l’ont écouté. Aucun n’est ressorti comme il était entré ; aucun n’a dit avoir perdu son temps.
Certains sont turbulents, difficiles à captiver. Mais ces deux jours-là , tous étaient étonnamment attentifs. Quand la sonnerie a retenti, eux qui sont si promptes à enfiler leur manteau pour partir, n’ont pas bougé. Ils ont attendu que Monsieur Ramolet termine son récit, puis se sont levés pour l’applaudir. Ceux qui n’avaient pas de bus à prendre sont restés, l’ont entouré pour lui poser des questions. Ils ne se décidaient pas à partir. Ils ont éprouvé des émotions. On ne vit pas, on ne comprend pas le passé et le présent sans émotion.
Merci Monsieur Ramolet.
Ils ont le sentiment d’avoir vécu quelque chose de grand, d’avoir approché un homme qui avait l’amour des siens et de son pays, le sens du devoir et de l’honneur jusqu’au sacrifice de soi. Bel exemple pour des jeunes, pour nous tous. Merci Monsieur Ramolet.
Je leur ai demandé un compte-rendu du témoignage qu’ils avaient entendu. J’ai eu des protestations comme il arrive fréquemment quand je donne du travail. Mais non pas dans l’espoir d’y échapper, mais parce que je ne donnais pas assez de temps : ils voulaient « mieux rédiger », « ne rien oublier ».
Nous avons négocié une seconde heure de cours, parfois une troisième, pour que leur rédaction soit complète.
Ils n’oublieront pas cette rencontre le temps d’un matin de mars 2017.
MERCI MONSIEUR RAMOLET !